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La bipolarité entre le médecin généraliste et le psychiatre

Le médecin généraliste et la bipolarité

Pour le médecin généraliste, la prise en charge d’un patient porteur d’un trouble bipolaire constitue une réelle problématique qui s’articule autour de quatre axes principaux.

1. Le diagnostic des troubles bipolaires

Le premier est celui du repérage et/ou du diagnostic. Les études confirment la prévalence importante en consultation de médecine générale des troubles psychologiques, tous confondus, avec des taux variables de 15 à 40 % de l’activité selon les méthodes. La prévalence du TB pourrait aller  jusqu’à près de 4% en médecine générale (enquête Bipolact Impact). Il reste donc « marginal » en médecine générale par rapport aux troubles anxieux, spécifiques ou troubles de l'adaptation, et aux troubles dépressifs. Il le devient encore plus si l’on considère,  non plus les patients mais les motifs de consultation. Les formes de type I sont rares en consultation de soins primaires et les manifestations symptomatiques chez l’adolescent, et encore davantage chez la personne âgée, sont souvent atypiques, masquées, à expression somatique. Les passages maniaques sont rares et l'attention doit être dirigée vers les manifestations « cyclothymiques » et/ou hypomaniaques. De plus, les patientèles et l’intérêt pour la psychiatrie sont loin d’être homogènes dans la population des médecins généralistes. L’utilisation de questionnaires et notamment de type MDQ n’est pas habituelle en pratique courante. Enfin, le diagnostic s’établit souvent après une analyse fine de l’évolution sur plusieurs mois et souvent plusieurs années.

 

 

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2. Thérapeutique troubles bipolaires

Le deuxième est celui de la prise en charge thérapeutique qui devrait normalement se faire en partenariat avec le médecin psychiatre. La difficulté à recourir à cette spécialité au regard des problèmes démographiques, souvent également liée au refus du patient d’être « psychiatrisé » impose au médecin généraliste une prise en charge « solitaire » d’autant moins  adaptée que le diagnostic n’aura pas clairement été posé. De plus, le maniement des thymorégulateurs et des antipsychotiques restent difficiles pour beaucoup de médecins généralistes.

 

3. Surveillance et prise en charge des patients

Le troisième est la surveillance et la prise en charge des effets secondaires possibles des traitements mais surtout la présence de premier recours pour toutes les déstabilisations et variations thymiques auxquelles le patient sera naturellement confronté. Cela amène possiblement à des situations de « crises » où le médecin traitant sera l’acteur principal, obligeant parfois à des hospitalisations, faute de recours spécialisé disponible.

 

4. Le soutien de l'entourage

Le quatrième est le soutien de la famille pour laquelle les conséquences du TB sont très importantes, tant au niveau des conjoints, enfants ou parents. Le travail du généraliste s’inscrivant dans une dynamique diachronique et systémique, la vigilance s’impose également pour l’identification de possible troubles et la réassurance vis-à-vis des descendants ou ascendants des patients porteurs d’un TB caractérisé.

 

 

Le médecin généraliste qui est au centre de la prise en charge des patients est souvent, dans ce cadre précis du TB, confronté à des problèmes réels, diagnostiques, thérapeutiques, contextuels, souvent majorés par une expérience inadéquate et par un isolement lié à la difficulté d’obtenir rapidement un recours spécialisé, d'autant plus que ce suivi spécialisé, quand il existe, n'aura pas fait l'objet de retour d'information, régulier et circonstancié.

F. Rouillon, I. Gasquet, R.-P. Garay, S. Lancrenon Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique;167,8:611-15

 

Le trouble bipolaire est donc un véritable enjeu de santé publique, tant dans la prévention de cette pathologie que dans celle du risque suicidaire.

En 2014, l’ARS Poitou-Charentes a souhaité mettre en place une prise en charge structurée et optimisée de la bipolarité.

C’est pour cette raison qu’a été initié le projet de développement d’une Unité Clinique Spécialisée dans la prise en charge de cette pathologie à la clinique de Saujon, la clinique JEAN DELAY aux Thermes de Saujon qui a ouverts ses portes au printemps 2017.